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† dark life †
† dark life †
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20 mars 2005

* La Fugitive .. *

Silence dans la forêt. C’est le calme complet. Il n’y a que la lune, pleine et tellement éloignée de la tristesse des hommes, qui survole les arbres, laisse passer ses rayons lumineux dans la brume frôlant le sol. Les nuages gris empêchent la vision des points de lumière et d’espoir que sont les étoiles, annonçant de plus sombres temps.

Et puis il vient, le bruit tant attendu, tant redouté. Celui des feuilles écrasées sous des pas rapides. Celui de la respiration précipité, saccadée par le froid. C’est là qu’elle apparaît, la fugitive. Une simple jeune fille aux cheveux brun foncé, détachés, décoiffés par sa course. Sa robe bleue nuit de velours lui claque aux chevilles, ralentit sa course. Elle la soulève pourtant, comme les dames de la cours, pour arriver à avancer, mais rien n’y fait. C’est comme si le destin même était contre elle. La Fugitive.

Un éclair éclate. La pluie commence à tomber en averse. Dure et froide, meurtrissant ses bras, son visage si beau et jeune. L’éclair éclate à nouveau. A travers les gouttes de pluie, les larmes de lune, sa peau blanche est illuminée à travers la brume, éthérée comme celle d’un fantôme. Fait ressortir ses yeux aux couleurs d’un levé de soleil, fait voir dans sa coiffure défaite comme un chignon de perle. Fait briller ses larmes d’enfant. La Fugitive.

Elle tourne la tête, vers derrière elle. Là où commencent à résonner les cris des chiens, les cris des hommes, les cris des monstres. Effrayée, elle retourne son doux visage vers l’horizon de sa course. Le chignon de perles retombe derrière elle, comme au ralentit. Abandonne son ancienne vie. Elle tombe en avant, se rattrape sur ses coudes. La boue salis sa robe, sa gorge, mais elle se relève, encore plus lourde qu’avant. Ils se rapprochent. Ils sont derrière elle. La Fugitive.

Elle s’accroche à un arbre. Regarde la plage étendue devant elle. Regarde les vagues se fracasser contre le sable blanc, regarde les vagues se fracasser contre les rochers torturés. Mais ils sont dans son dos, elle ne peut pas se faire attraper. Elle reprends sa course. Droit devant elle. Toujours plus loin, toujours plus près de la fin. Vers les vagues. Vers le néant, le gouffre noir. Sa robe frôle l’eau. Elle se retourne. Vers ses poursuivants, la brume s’écarte. Leur proie est là. Coincée par les flots. La Fugitive.

Mais elle s’est jurée de ne pas se faire attraper. Elle préfère se faire engloutir. Alors elle recule. L’eau lui atteins les genoux. Les poursuivants avancent. Doivent-ils l’arrêter ? Doivent-ils immédiatement la tuer ? Ils ne savent que faire. Mais l’eau est déjà à sa taille… A sa poitrine… A sa gorge… Et puis tout son corps disparaît. Et elle se laisse entraîner. Chuter. Dans le noir de la mer, dans le gouffre béant de sa rage. Un jour, on retrouvera son corps, intacte, couché au fond de l’eau, entouré d’un cercueil de corail, entourée des plus belles fleurs marines, enveloppée dans son sourire et dans sa beauté éternelle. La Fugitive...
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